De la déraison de la raison

 

De la déraison de la raison !

 

La raison est-elle, elle aussi, aussi déraisonnable que la foi, et pourquoi ?

 

_L'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions !

(Il n'y a pas de logique ou de raison sans paradoxe (enfer) fondateur)

 

_Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas!

(Il n'y a pas une logique universelle qui contiendrait toute les logiques possibles, en d'autre terme, l'ensemble des logiques et cohérences possibles ne peut pas être un ensemble fermé et définissable dans l'absolu ; Quelque soit la façons de le construire il y a toujours des logiques qui lui sont inaccessible et qui reste indéterminé.)

 

Ces 2 propositions tirées de l’expérience spirituelle quotidienne, exprime en fait toute l’ambiguïté de la raison des choses, et devrait nous ramener à plus d’humilité dans nos certitudes ; Une humilité qui ne veut pas dire de s’en débarrasser et de la rejeter par dépit mais de la considérer à sa juste valeur; Ne pas la mettre au dessus de tout sur le trône du roi du monde.

 

Le problème de fond de la raison, comme de tout concept, ne réside pas en elle même mais dans le fait de la difficulté de toute définition.

 Toute raison qui se priverai au nom de l'évidence concrète, d'une réflexion sur les fondements logiques de cette raison elle même, ne peut que porter en elle même les accidents logiques de sa propre déraison, et n'être en conséquence qu'une nouvelle croyance obscure, un nouvel obscurantisme, une nouvelle illusion caché sous l'apparence trompeuse de ses affirmations péremptoires (parce qu'elle a fait l'impasse sur la lumière de ses fondements sémantiques)

 

Ce qui semble aller de soi pour le commun des mortels, ne l'est plus pour celui qui décide de se pencher sur les fondements des choses ;

 Comme l'ont montré les logiciens en mathématique, les fondements de la logique et donc de la raison, sont de fait extrêmement complexe et pas vraiment résolu dans l'absolu ; On est même en mesure de se demander ou même de conjecturer que le concept de logique elle même pris dans un sens absolu, ne puisse pas avoir de formulation générale, mais seulement des formulations relatives et limités par les propres choix et croyances nécessaire à l'affirmation d'une logique et de sa raison.

 Ainsi il y aurait bien des raisons mais il n'y aurait pas « une raison » universelle ou même pour être plus précis « toute raison absolu serait un indécidable, un irréfutable », ce fait sémantique serait donc à l'origine tout autant d'une certaine liberté de choix que de la tentation permanente d'imposer sa raison par la force au nom d'une universalité usurpé.

 

 Si les principes de la mécanique quantique continuent de nous surprendre et de nous étonner, les découvertes sur les fondements de la logique sont encore plus surprenante, le théorème de Godël qui prouve que quoique l'on fasse il existe des énoncés que l'on ne pourra jamais déterminer en restant dans le cadre de la théorie et que de plus aucun énoncé exprimant la cohérence d'une théorie ne peut être énoncé dans le cadre de cette théorie, devrait nous forcer à plus de d'humilité dans nos affirmations logiques et nos croyances au sujet de l'univers, pourtant nous continuons à fonctionner comme si ces faits dérangeants "la raison" n'existaient pas.

 Les théories de la calculabilité ont montré aussi qu'il existait des processus qui resteront impossible à décider ( savoir s'ils se finissent ou pas), ce qui est une autre façons de dire que certaine chose ne sont connaissable qu'en les vivant jusqu'au bout  et que la conclusion qu'on pourra tirer de cette expérience ne pourra prétendre à aucune universalité.

 Cela est possible parce qu'ils sont immergé dans un domaine de possible pour lequel les théories qui permettraient de les prévoir sont plus longue à connaitre ou tout simplement n'existe pas que le fait de les essayer ou de les vivre, dit plus simplement, ce sont des processus expérimentables mais les expérimenter ne pourra jamais nous permettre d'affirmer une quelconque conclusion définitive!

 Sans faire de grande démonstration, on se doute d'ailleurs qu'il y a un vice de raisonnement dans le seul fait de se demander si il est possible de décider si quelque chose est décidable et s'il y a un vice de raisonnement c'est qu'il y a un inconnaissable fondamental accompagnant toute tentative de connaissance.

 ( comme illustration je vous pose cette question paradoxale bien connu: Le barbier d'une ville peut il raser tout les hommes de la ville qui ne se rase pas? )

 

 

 Finalement et comme toujours les découvertes mathématiques sur les fondements de la logique ne sont pas tout à fait des découvertes, cela fait longtemps déjà que l'homme est confronté au mystère de la raison elle-même.

Les mathématiciens n'ont fait que traduire dans le langage mathématique ce que les mystiques vivent par la méditation comme par exemple pour le "satori" zen qui est une sorte de lâché prise de l'illusion de la logique du monde.

 Le riche univers mystique des cultures de l'Afrique de l'ouest le dit très simplement, Yoni (Dieu) a fait le monde avec des paroles qui ne seront jamais révélées!

 On se doute d'ailleurs que toute la spiritualité humaine et le concept du Divin, prospère dans les ténèbres de cette faille ontologique de la raison qui accompagne toute création logique d'un monde et on peut être assuré d'une chose, c'est qu'il n'y a pas de solution définitive et cela devrait "en toute logique" nous faire choisir la seul attitude valable, celle de ne pas juger trop vite des vécus et des point de vues autres, aussi vrai que puisse paraître ce que nous pensons, cela reste toujours entaché d'une croyance et d'une incertitude fondamentale.

 Qu'on le veuille ou non toute connaissance est relative à un mode de connaissance, il n'y a donc pas dans l'absolu un vrai et un faux totalement séparé comme voudrait nous le faire croire la logique immédiate qui n'est qu'une vue de l'esprit (elle n'est que la réalité vu au travers des lunettes d'un langage pratique). 

 Ce n'est donc pas parce que quelque chose semble vrai d'un point de vue qu'il ne puisse pas être faux d'un autre, ainsi comme je le fais remarquer souvent, "si 1+1 était égal à 2, notre monde n'existerai tout simplement pas" puisqu'il est le résultat de cette erreur fondamentale qui fait que 1+1 n'est jamais égal à 2, et cela s'observe à tout les niveaux de notre réalité, que ce soit les particules ou les relations humaines!

 Disons que le monde prospère dans cette faille infime mais à jamais insoluble.

 Ainsi vouloir imposer nos fins dans un monde qui pour exprimer une cohérence a dût renoncer à imposer une certitude et une fin définitive c'est s'assurer de provoquer des phénomènes contradictoires de plus en plus menaçant!

 

  Sans trop vouloir compliquer les choses et en tant qu'ébauche de démonstration des incohérences occultes de toute logique, constatons simplement cette conjecture dérangeante : « est-il possible de décider qu'une affirmation est indécidable ? » dit autrement aussi « si nous affirmons qu'une affirmation est irréfutable (c'est à dire que l'on ne peut pas trouver un moyen de la mettre à l'épreuve de la vérité), a-t-on prouvé qu'elle est irréfutable ? » ;

Le problème est en fait plus général, en effet s'il est facile de prouver l'existence de quelque chose en le trouvant, il est beaucoup plus hasardeux de prouver son inexistence sans décider avant de le chercher, du lieu où on va le chercher ; Ainsi l'existence ou la non existence de quelque chose ne peut jamais s'affirmer dans l'absolu, puisque d'une part il est impossible de définir ce qui pourrait être un tout universel sans lui faire perdre sa propriété d'être tout et que d'autre part pour chercher quoique ce soit, il faut bien décider tout d'abord dans quel domaine nous allons chercher ; Ce que nous trouvons ou ne trouvons pas est donc conditionné autant par ce que nous nous imaginons chercher que par le domaine où nous le cherchons ;

  Ce qui nous mène à constater ce que nous savions déjà de par la définition de l'existence, c'est à dire que le phénomène existentiel est relatif et ne peut prétendre à aucun absolu !

  Pour illustrer ce sujet qui n'est pas un simple jeu de mot, le mort est il mort pour de vrai ?

  Bien sûr son corps a perdu sa propriété de vivant mais était-il son corps ?

  Si on cherche dans le domaine du corps, le mort est bien mort, il n'est plus que comme cadavre, il a changé d'état, par contre si on cherche dans le domaine de ses actes (qui contiennent aussi le fait de sa mort corporelle son acte d'éternité), le mort est bien encore vivant parce qu'il est encore là en chacun par la vie sans fin de ses actes qui transcendent son seul véhicule corporel !

 Ce type de malentendu logique traverse tout phénomène de pensée et de raison, refuser de l'appréhender en face dans toute élaboration d'une pensée par la croyance en un absolu définissable, compréhensible et concret (les idoles), ne peut mener qu'à toute forme d'incompréhension, qui si on n'y prend pas garde produit toutes sortes de conflits qui finissent par chercher une solution par la force. (La domination étant la forme finale de l'ignorance et de l'incompréhension mutuelle)

 

 Mais alors il y a-t-il une raison? ou il n'y en-t-il pas? l'absence de réponse nous dérange et pourtant il faudra bien s'y faire si on ne veut pas trop croire à cet outil du langage et de laa pensée.

 

 Alors que penser de ceux qui affirment un peu rapidement, la prédominance de la pensée raisonnable, pragmatique et concrète sur la croyance, la foi et l'imaginaire, sans pour autant faire l'effort de comprendre ce qu'ils entendent par « raison ».

 Bien souvent ce qu'ils appellent raison n'est alors que l'illusion de leurs intérêts immédiats!

 S'il y a une solution à la déraison destructrice de l'homme, elle ne peut passer que par la compréhension et la conscience attentive à ce qui se défini en tant que « raison ».

 Croire en la raison n’est il pas la meilleure façons de la rendre déraisonnable!

 C’est bien parce que la raison ne croit pas tout à fait en elle même, qu’elle peut prétendre à une certaine raison!

 

 Constatons qu'il est toujours aussi difficile de voir par delà le bien et le mal tout autant que voir par delà le vrai et le faux et même aussi par delà le possible et l'impossible, parce que par nature la définition de cet « au delà » ne peut être connu sans qu'il ne soit plus un au-delà !

  Pour résoudre le problème on pourrait appliquer la pensée matérialiste qui conjecture la non existence d'un au-delà ou dans le meilleur des cas, son inutilité pratique ; Pourtant à chaque instant dans tout les domaines vivant, logique, relationnel etc... nous nous heurtons à des incohérences, des conflits, des asynchronies qui nous obligent à « imaginer » un au-delà .

  Le fait d'être amené à l'imaginer ne prouve bien sûr pas son existence tout autant que son inexistence, mais la récurrence constante du fait lui même ne nous laisse jamais en repos.

  Pour conclure en s'enfonçant encore plus dans ce marais sans espoir de la logique (domaine symbolique du vrai et faux), de la volonté (domaine intentionnel du bien et mal) et de la force (domaine méthodique du possible et impossible) constatons que le monde ne pourrait pas être s'il était enfin résolu en un repos éternel !

 

  La raison est une lutte perpétuelle contre la raison qui la trompe sans quoi elle ne pourrait prétendre être une raison;

  La foi est une lutte perpétuelle contre la foi « en l'illusion », cette raison de l'apparence;

 La conscience est une lutte perpétuelle contre la conscience des choses sans quoi elle n'aurait plus d'éveil; Être conscient de quelque chose est toujours dangereux pour la conscience que l'on pourrait avoir des autres choses ! La conscience étant une fermeture temporelle et locale, c'est une sorte de délire temporaire qui nous fait oublier le reste du monde. Le but de la conscience n'est donc pas ce qu'elle est en soi mais bien ce qu'elle permet de devenir, ce qu'elle appelle et montre sans jamais l'atteindre vraiment.

 Ne suffit il pas de constater qu'être quelque chose, ce n'est pas vraiment être, comme si toute chose de ce monde nous privait de notre être véritable. 

  La vie est une lutte perpétuelle contre la vie qui prétend la figer en sa mort ! Sans le risque de la mort où serait la vie!

 

  Finalement, ce n'est pas ce en quoi on croit qui a de l'importance, mais bien la façons de comment on y croit.

 Quoi que l'on fasse, il y aura toujours une croyance caché, le problème que nous pose toute raison n'est donc pas dans la raison elle même qui est par définition claire et cohérente mais dans le fait insidieux que pour faire fonctionner cette raison il faut bien se résoudre à croire en la raison et c'est dans ce "croire" hors de son domaine de raisonnement que trébuche la raison et qu'elle se perd et fini par nous perdre avec elle si nous n'y prenons pas garde!

 

 Alors soyons enfin raisonnable! méfions nous de la raison qui nous fait croire.

 Ayons cette humilité du non savoir sans quoi c'est le savoir qui nous perdra.

 Il ne faut jamais tout à fait croire en ce que l'on pense, comprendre vraiment quelque chose ne se réduit jamais dans ce que nous avons l'illusion de comprendre mais bien dans la conscience de ce que nous n'en comprenons pas, c'est en cela que réside toute notre intelligence et toute notre liberté de devenir!

 Seul les ignorants et les imbéciles ne se risquent jamais à être ignorant et imbécile!

 

 Une dernière remarque, la raison ne traite que de ce qui est de l'ordre de la causalité ou de la corrélation mais le monde peut il être réduit à son phénomène causal?

 Pourtant la science actuelle nous montre bien les limites de cette causalité quant à vouloir définir ce qu'il y a au delà de cette causalité avec la raison...

 Est il nécessaire de prouver que cela est pure folie!

 

 Constatons simplement qu'à partir du moment où il y a quelque chose qui tente de se démontrer lui même donc de se connaître lui même, il engendre une méconnaissance de lui même, ce qui est paradoxal!

   Un des grands principes à la base de tout langage angélique serait de constater une série de relations unissant les concepts imbriqués de finitude, boucle sur soi-même, conscience de soi, croyance, connaissance et finalement un inconnaissable induit par la connaissance qu'affirme cette conscience de quelque chose.

 Ce nœud de concepts intriqués formant ce que j'appel un mot angélique totipotent capable d'apparaître sous des formes très différentes sans perdre pour autant son unité fondamentale.

 Si on comprend bien le sens profond de cette constatation sémantique, l'essence de ce que nous observons et déduisons n'est pas dans ce que nous observons mais bien dans le fait qu'il y ait une observation;

 Est-il besoin de prouver qu'il y a une observation?

 Pour cette simple raison, tout univers ne peut être qu’apparemment fini et connaissable et secrètement infini et inconnaissable tout à la fois et là la logique ni peut rien!