Matérialisme et réalité

Un Yogi disait:

 "Ce n'est pas que je crois que le monde n'ait pas une certaine réalité mais plutôt que je ne crois pas que le monde ait une réalité certaine."

 

 La plupart des choses qui compte dans la vie, existent seulement parce qu'on y croit et n'existent pas vraiment par elles mêmes!

 Par exemple l'argent, n'a d'autre existence que celle que lui donne notre croyance.

 Et il y en a tant d'autre... les nécessités par exemple!   si on s'en tenait aux seuls nécessités vraiment indépendante de nos croyances, la terre serait un paradis de paix, personne ne manquerait de rien, il n'y aurait pas de désastres écologique etc..., la grande majorité de nos nécessités sont donc des croyances manipulées par les maîtres de la croyance, les publicitaires, les maîtres de la communication, les faiseurs de sens, les nouveaux prêtres;

 Parmi ces nécessités biologique prenons par exemple la sexualité, la faim etc... sans entrer dans les détails, il saute aux yeux qu'il y a un décalage énorme entre la nécessité véritable et ce que l'on en fait par la croyance, à quel point pour des raisons subjectives autre que biologique nous transformons et exacerbons ou tentons de nier ces simples nécessités.

 L'opium du peuple n'a pas disparu, il a quitté en partie le domaine religieux pour investir le domaine commercial et sa publicité ; En ce sens un nouvel ordre mondial qui prétendrait se libérer de l'héritage religieux, ne ferait que le réinventer souvent en pire, parce qu'il ne prendrai pas en compte ce qui a corrompu cet ordre antérieur.

 Le matérialisme fait fi de ces évidences et est en ce sens une illusion aussi dangereuse que les autres parce que dans le fond il n'y a pas de matérialité certaine car elle est indissociable de son interprétation. Même les faits eux même sont douteux suivant qu'ils servent à affirmer tel théorie, tel conception de la vie, du bien ou du bonheur... 

 

 

   C'est l'immatérialité de la réalité qui la rend si implacable jamais sa matérialité.

Aucun fait, aussi concret soit-il, ne serait ce qu'il est sans l'interprétation subjective qu'on en fait et cette interprétation ne peut reposer que sur des convictions et des systèmes culturel partagés, de jugement construit sur des préjugés parce qu'il est impossible de tout savoir et de tout avoir exploré; L'endoctrinement étant toujours à la base d'un savoir particulier, la sagesse consistant non pas à rejeter cet endoctrinement inévitable mais à le relativiser et d'être capable de voir les implications occultes qui s'y cache.

A chaque fois on me rappelle la dure réalité, les murs contre lesquels on se brise pourtant jusqu'à maintenant je n'ai jamais vu personne se briser la tête contre un mur volontairement!

Le mur en soi est effectivement bien réel mais ce qui le rend terrifiant ou rassurant n'a rien à voir avec le fait du mur lui même mais tout à voir avec le pourquoi de son érection, autant dire à un ensemble de fait de croyances et de convictions qui se cachent dans le fait du mur lui même, en tout état de cause si le monde paraît si dur, si implacable, cela n'a rien à voir avec le fait simplement matériel même au niveau des maladies et des accidents de la vie qui s'ils pouvaient être réduit justement au seul fait matériel pur, serait assez facilement résoluble, en général ce qui tue n'est pas la maladie mais les implications subjectives du vécu auxquels elles font allusion indirectement.

Je n'ai jamais vu non plus, un couteau ou une bombe tuer quelqu'un, ce qui tue n'est bien entendu, ni le couteau, ni la bombe qui ne sont que des objets mais bien l'intention abstraite qui les manipules et les construits, le fait du mur est tout entier dans son signifié et c'est ce signifié qu'il est si difficile de combattre et de contrôler, tout simplement parce que le signifié n'est pas un phénomène personnel ou matériel, c'est un "fait" abstrait relationnel donc communautaire.

Mon grand père qui lors de la guerre de 14 s'est retrouvé dans les prisons allemande sans pratiquement rien à manger et qui était un des rares survivants à la libération, me disait que les forts , les gros costauds étaient les premier à mourir, ils se désespéraient, se heurtaient la tête contre les "murs", lui s'était assis tranquillement dans un coin et attendait que ça passe, d'une certaine façons ceux qui sont morts, sont mort à cause du signifié de la prison, qui les ont "désespéré", quant à la guerre bien réelle, ne venait elle pas du signifié des hommes entre eux, sa réalité cruelle venant d'un vécu subjectif et relationnel.

La dure réalité de l'existence n'est donc en fait en grande partie qu'une réalité immatérielle, constitué de croyance, de peur, de conviction et d'incompréhension, toutes notions issues directement du pouvoir créateur de l'esprit!

Finalement ce qui rend la réalité si dure, si implacable n'est pas sa matérialité mais sa dimension immatérielle et spirituelle!

 Je ne nie pas la dureté de la vie je me refuse tout simplement à en voir la cause dans la matérialité du monde, si des gens meurent de froid dans la rue, sincèrement est ce à cause du froid quand on sait la quantité de maisons inhabitées, et même le plus incapable est capable de se construire un abri de fortune, de faire un feu pour ce chauffer mais en a-t-il le droit! La cause de sa mort n'est donc pas dans le froid mais bien dans le droit auquel nous croyons.

 Si tout les assassins étaient en prison, le monde lui même serait la prison!

 Notre époque qui a élevé l'ego au niveau des divinités et des idoles a ainsi trouvé la méthode presque parfaite pour tuer sans culpabilité, pourtant ces egos qui les fabrique? C'est bien la conscience collective, les méthodes de manipulation de l'opinion publique n'ont d'ailleurs jamais été aussi performante!

 De mon point de vue, il y a bien un destin personnel, un fil de conscience, une spécificité de chaque être ou chose mais cette spécificité n'a justement rien à voir avec l'ego puisqu'elle en est sa transcendance, sa liberté promise par delà son moule de croyance et de manipulation, l'ego n'est là que comme sa coque vide mais c'est cette coque vide que nous prenons pour ce que nous sommes vraiment appelé à être.

 Être quelque chose ce n'est toujours pas encore être...

 

 La matière aussi par exemple... l'a-t-on trouvé?

 Personne ne peut la montrer, la science nous dépeint un vide immense traversé par des forces et des ombres de choses flous, incertaines qui s'animent en permanence comme les flammèches d'un feu éternel et c'est tout.

 La matière est intouchable et introuvable, quant à ce qui pourrait servir à la mesurer, son unité, ce n'est même pas de la matière, c'est une action, le quantum d'action, la constante de planck!

 L'information, elle... , elle existe belle et bien, elle n'est pas matière, on pourrait d'ailleurs définir la matière par ce qui reste là, ce qui ne peut pas passer par une connexion internet par exemple sous forme d'information, ainsi une chaise, un objet ne sont presque plus de la matière puisqu'ils existent que par l'utilité de leur forme descriptible presque en totalité sous forme d'information, pourtant cette information pour pouvoir agir doit être incarné dans le phénomène matériel;  Une pomme peut bien être décrite par sa forme et sa couleur, ainsi que par son contenu mais cette description, cette information qu'elle véhicule, ne peut pas nourrir, car le fait de nourrir implique une interaction intime entre les éléments de la pomme et les éléments d'un corps, ce que l'on pourrait appeler une relation irréversible et c'est là que réside tout le mystère de la matière, il y a bien quelque chose par delà l'apparence de l'information et ce quelque chose est encore plus subtil, c'est la relation de l'information avec d'autres informations par le moyen de leurs représentations matérielles, c'est comme s'il était impossible de départager l'information pure de sa représentation impure.

 L'information transcende toute localité, elle est transmissible, par contre elle ne peut pas exister et devenir consciente sans se risquer à la représentation locale qui implique ontologiquement des contraintes de transport, de production, d’énergie et d'inertie qui définissent les propriétés de toute localité ;

Pourtant ces contraintes sont tout aussi "immatérielle" elles aussi mais sur un autre plan de l'information, le transport est un "fait" qui modifie la structure logique de l'espace ;

La production est une organisation ( ordre de rencontre ).

L’énergie est un moyen de signifier ce qui s'échange dans cette localité et reste stable (pas de création spontané durable sans transfert énergétique, donc sans invariant se traduisant en équation qui traduit le fait spirituel que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ») ;

L'inertie est la conséquence phénoménologique de cette localité, ce qui a une durée relative à d'autres durée et cache donc un phénomène communautaire qui implique la propriété d'imbrication seulement locale des phénomènes, les concepts de communauté-matrice et d'identité (singularité, fœtus) qui vont toujours ensemble.

 Le concept d'espace-temps est donc intimement lié au concept d'isolement, de localité et donc aussi de relativité existentielle ; De plus le phénomène de durée contient en soi celui d'irréversibilité qui donne à la représentation matérielle sa spécificité, en effet ce qui a été produit lors d'une étape permissive donné peut rester piégé dans cet état alors qu'il n'est presque plus possible de le recréer ; Il devient donc "précieux" parce qu'on ne peut plus ou ne sait plus le produire, par contre on peut toujours l'utiliser pour d'autres productions.

Il devient le "substrat" qui n'est pas vraiment la matière réelle mais la conséquence concrète de son phénomène dont la source reste "inaccessible".



 En résumé l'information ne peut vraiment agir et découvrir son sens que par l'incarnation dans une représentation matérielle en relation avec d'autres représentations matérielles, pourtant cette matière n'est rien sans cette information immatérielle qu'elle met en représentation en se prêtant pour lui donner une forme ; La matière est donc une sorte de vecteur de l'information mais ne peut jamais être information, elle reste donc hors du pensable car seule l'information est pensable.

Cette organisation cohérente, cette pensée en représentation n'est donc possible qu'en faisant référence à un impensable matériel inaccessible.

 La quête des secrets de la matière par le physicien et le scientifique est une quête de l'impensable qui ne peut donc aboutir et qui ne fera que révéler paradoxalement, les mystères de l'esprit parti en sa quête, une révélation qui restera d'ailleurs toujours relative et imparfaite puisque l'esprit est créateur par son pouvoir d'interprétation.



 On comprend alors que ce qui reste de la matière devient de plus en plus mystérieux, de plus en plus insondable, on se doute bien pourtant qu'il y a quelque chose qui serait indépendant de sa facette d'information mais ce qui n'est pas information peut il entrer dans la pensée, dans l'esprit?

 La matière serait elle beaucoup plus spirituelle qu'elle en a l'air, toujours occulte dans l'illusion de ses informations qui la structurent tout autant qu'elles la cachent et qui ne prennent sens que par ce fait ontologiquement étonnant ; L'ignorance fait l'apparition de l'existence, parce qu'elle sépare et oublie, créant distance et intimité des sois, elle produit donc deux faits contradictoires, le déterminisme, l'inertie et l'enfermement de ce qui ayant perdu la conscience de son devenir est déterminé par ce qui a été rejeté dans l'autre inconnu, (cette conscience)  et d'autre part elle donne la liberté parce qu'elle révèle aussi ce que l'on ne sait pas ou a oublié et donc ce qu'il nous faut reconquérir par le choix ! C'est ne pas savoir qui nous donne la liberté du choix !

 En fait le paradoxe comme toujours est révélateur d'une polarité insécable tout autant qu'insoluble; Tant que l'ignorance n'est pas reconnu pour ce qu'elle est (un savoir virtuel), on s'y attache et on en devient la détermination, ce savoir nous rend prévisible, par contre si on le reconnaît pour ce qu'il est ( une ignorance sous une apparence de connaissance) il devient le révélateur d'un inconnu qui offre un choix, un risque et une liberté de devenir.

 C'est pourtant la même ignorance mais la différence réside sur un autre plan de sa nature d'ignorance qui est la conscience de cette ignorance possible; Ainsi cette dimension de la conscience appliqué à quelque chose, devient ce qui permet à une entité conceptuelle d'exister sous 2 états contradictoire, à la fois déterminé et indéterminé!

 La liberté restera donc toujours une énigme, un irréfutable ontologiquement créateur des mondes !



 

 Ce que l'on croit nous trompe en permanence, parce qu'on y croit ; De tout temps, chacun à sa façons, shamanisme, religions, athéisme et philosophie nous mettent en garde contre ce mensonge de l'esprit en proie à son propre processus de croyance créatrice, sa diabolique illusion.

 Chacune de ces formes de sens de la vie tente désespérément de nous protéger de la croyance :

Le shamanisme en nous connectant à une réalité esprit par delà l'apparence.

La religion en nous tournant vers quelque chose qui échappe à la croyance (Dieu, l'absolu qui n'a pas besoin de croire pour exister).

L'athéisme en nous détournant de toute forme de croyance par l’assurance de l'expérience concrète(science).

Et la philosophie par la réflexion consciente, l'expérience interne de l'impermanence qui nous fait prendre de la distance par rapport au vécu (sagesse).

Mais cette intention initiale est vite corrompu par le retour insidieux de nouvelles croyances secrètes et à chaque fois l'esprit (le nôtre et celui des autres) nous trompe, corrompt nos meilleures défenses, nos plus belles conquêtes de liberté et ronge nos plus sure certitude, pourquoi?

 L'approche ne peut être parfaite, sinon serait elle une approche? dans ce paradoxe est toute son ambiguïté et la source de son perpétuel recommencement et du perpétuel échec de l'esprit qui ne peut être qu'une approche sans fin d'une vérité inaccessible ontologiquement.

 Cet esprit que son propre pouvoir créateur limite, a toujours 2 visages, celui craint, haït et menaçant qui brise nos idoles et nos croyances pour nous en libérer (celui qui est rebelle à l'illusion) et celui adoré, aimé et bienveillant qui nous aide à reconstruire une vérité lumineuse qui ne peut être qu'instantanée et qui donc fini toujours par nous emprisonner dans une nouvelle croyance si nous n'y prenons pas garde.

 Le fait d'avoir rejeté celui qui détruit l'illusion, y est pour quelque chose, car ce rejet de l'être haït est justement celui qui nous rend insensible à la conscience de la nouvelle illusion qui est sur le point de naître dans ce que nous avions aimé et reconstruit et nous fait à nouveau chuter dans nos propres croyances.

 Le paradis que nous construisons est à l'image de l'enfer qui le construit.

 Quoique l'on prétende être ou faire, il y a toujours une conviction caché, vivre c'est croire et croire c'est vivre, l'athéisme n'existe pas vraiment car à peine s’énonce-t-il, qu'il se perd dans l'illusion de ne pas croire et affirme bêtement une conviction maladroitement caché sous un pragmatisme de façade.

 L'accomplissement absolu de l'athéisme impliquerai la négation de la vie et seul le suicide  permettrai de se libérer définitivement de la croyance qui sous des airs enjôleurs fini toujours par nous mener vers les pires horreurs.

En attendant seul nous reste la possibilité de vivre en tentant non pas de ne pas croire mais de prendre conscience des croyances qui nous mènent à notre insu sachant bien que cela est impossible en absolu.

Ce projet peut se tenter avec différentes stratégies, se connecter au monde de l'esprit, se tourner vers un Dieu unique qui rend toute croyance inutile, s'en remettre au seul présent, relativiser par la réflexion ce qui est vécu ; Mais cela n'est possible qu'à la condition de ne pas oublier que toute approche est toujours imparfaite et qu'il n'y a pas de meilleure stratégie face à l'illusion et à l'ignorance.

 Pourrait-il y avoir une liberté et un éveil s'il n'y avait plus d'ignorance ?

 

 La sagesse serait de reconnaître l'un et l'autre pour ce qu'ils sont, ni diaboliser, ni trop bénir pour garder la fluidité de la conscience attentive à l'inconcevable et à la transcendance spirituelle qu'il annonce par ses paradoxes ,ses ambiguïtés et ses absurdités, et ainsi sans heurt avancer sur la voie de l'esprit des choses et des êtres, bénit par la lumière d'une conscience libre et attentive, ouverte sur l'inconnu et toujours prête à éclore avec lui.

 

  Nous libérer de l'emprise de l'image, qu'elle soit idole, publicité, doctrine, théorie scientifique ou autre, pour retrouver ce qui compte, la source de ce qui vit vraiment, n'est ce pas cela la seule quête depuis que le monde est monde.

  Toute l'histoire "spirituelle" de l'univers en vie peut donc se résumer en une seule intention paradoxale: Comment se libérer et conjurer l'emprise de l'image sur la réalité;

 La pensée, l'évolution, la complexification des structures et l'esprit sous jacent qui y fait référence en sont la conséquence et l'histoire est l'évocation des différentes stratégies et méthodes développés pour y parvenir.

 Ce pouvoir de l'image est aussi celui de la peur de ce qu'elle montre, et de cette fuite perpétuelle dans l'esprit des choses afin de la conjurer par sa transcendance, pour échapper à sa détermination mortelle; Une image qui vient de partout, autant des souvenirs que celle qui s'impose depuis l'avenir, elle nous étreint, nous emprisonne de toute part et nous laisse sans repos mais sa source, son esprit ineffable est notre seul refuge.

 La spiritualité inhérente à toute chose est cette conjuration de l'illusion qui tel un serpent à 1000 têtes se recompose en permanence dans les plaies de ces blessures, obligeant l'esprit à rester esprit par un éveil éternel.

 


PS :

Bien sûr la vie et le monde quoique l'on fasse reste un risque, il y a la mort , la vieillesse biologique, l'usure des choses, les contraintes physiques contre lesquelles on voudrait se prémunir mais ne suffit il pas de constater que ce qui semble implacablement nous maudire et nous contraindre est ce qui en même temps nous bénit et nous libère !

La vie pourrait elle être autre chose que la mort en marche et le rêve de l'immortalité, l'enfer de la croyance en un ego esclave de ces illusions et passions !

Sans limitation pourrions nous exister !

La vieillesse elle même par la lente destruction qu'elle opère n'est elle pas le moteur même de l'intelligence cérébrale ( Un système simple au départ devient complexe et créateur par restriction et destruction de ces capacités ) de plus par les pertes irréversibles, elle nous oblige à spiritualiser notre lien à la réalité, apportant avec le temps sérénité, détachement souriant et ce bonheur qui nous semblait inaccessible et interdit.

La mort est elle une menace ou la promesse d'une libération ?

Dans cette esquisse rapide des contraintes matérielles incompressibles, ont comprend à qu'elle point l'interprétation subjective que l'on fait de ces contraintes peut avoir une influence sur leurs évolutions.

A quel point, même dans ce qu'il y a de plus implacable, la subjectivité continu d'agir et d'influencer la réalité !